LE CEMS :
UN DOUBLE CONCEPT INNOVANT
Pourquoi avoir décidé il y a 10 ans de créer le Centre d’Expertise Mort Subite ?
De nombreux intervenants luttent contre l’arrêt cardiaque, Sapeurs-Pompiers, SAMU, réanimateurs, cardiologues, rythmologues et, il y a encore 10 ans, chacun travaillait séparément. En créant le CEMS, nous avons décidé de mettre en commun nos compétences, chacun apportant ainsi ses données, son point de vue, ses connaissances. Nous analysons ainsi toutes les statistiques et les données recueillies dans l’espoir de faire avancer les connaissances et la science.
Le Centre d’Expertise Mort Subite, est-ce une structure supplémentaire ou un concept nouveau ?
Le Centre d’Expertise Mort Subite est né d’un double concept, celui d’une exhaustivité géographique en colligeant tous les arrêts cardiaques sur Paris et la petite couronne, et d’une exhaustivité temporelle en collectant les données des différents temps de la prise en charge. Nous récoltons, en effet, toutes les données en pré-hospitalier (Sapeurs-Pompiers, SAMU) et hospitalier (réanimation, cardiologie). En 2015, nous avons décidé d’ajouter deux étages supplémentaires à cette pyramide en suivant les survivants et en travaillant également sur les données de l’assurance maladie afin d’avoir des informations 10 ans avant la survenue des arrêts cardiaques.
Ce double concept géographique et temporel a abouti à la création du CEMS qui est une entité unique au monde.
Le CEMS est … un outil de santé publique tant à l’échelon de la région qu’au niveau national.
Quels sont vos principaux résultats après 10 ans ?
Il y a 10 ans, lorsque nous avons commencé à travailler sur l’amélioration du pronostic, la survie après un arrêt cardiaque peinait à dépasser les 3%. Nous rêvions alors de hisser ce taux à 10%, ce qui nous paraissait inatteignable, mais nous y sommes presque. Avec l’amélioration globale des pratiques, la formation de la population aux gestes qui sauvent, l’équipement de l’espace public en défibrillateurs et les nouvelles technologies actuellement déployées (applications permettant de faire appel à des citoyens sauveteurs, drones capables d’amener les défibrillateurs très rapidement sur les lieux même de l’arrêt cardiaque), la survie est aujourd’hui de 7%.
Et pour les 10 ans à venir ?
Nous avons décidé d’investir dès 2015 dans la prévention par l’identification des individus à risque. Nos analyses en machine learning nous permettent dès maintenant, selon nos premiers résultats, d’identifier les personnes qui ont plus de 90% de risque de faire une mort subite dans l’année.
Ainsi, pour les 10 ans à venir, nous formulons le souhait d’arriver à empêcher la survenue de plus de 10 000 arrêts cardiaques par an en France permettant ainsi de passer de 40 000 arrêts cardiaques à 30 000.
Et les actions de santé publique ?
Le CEMS est devenu au fil des années un véritable observatoire des arrêts cardiaques qui permet, en temps réel, d’étudier l’incidence de la mort subite. Cet outil a notamment pu détecter un doublement du nombre d’arrêts cardiaques dès le début de la première vague de la COVID. Nous avons ainsi pu alerter en direct les pouvoirs publics. Nos travaux ont également permis, avec l’appui de la Commission de l’Assemblée nationale, à faire voter à l’unanimité de nombreuses mesures d’un intérêt crucial dans la lutte contre l’arrêt cardiaque.
Le CEMS est donc réellement un outil de santé publique tant à l’échelon de la région qu’au niveau national.